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Le rôle de l'écrivain est d'être conscient de lui-même. L'écrivain doit dire la vérité, quitte à ne pas plaire.
Le rôle de l'écrivain est d'être conscient de lui-même. L'écrivain doit dire la vérité, quitte à ne pas plaire.Grand entretien, America n° 6
Pour moi, être écrivain, c'est découvrir patiemment, au fil des années, la seconde personne, cachée, qui vit en nous, et un monde qui sécrète notre seconde vie : l'écriture m'évoque en premier lieu, non pas les romans, la poésie, la tradition littéraire, mais l'homme qui, enfermé dans une chambre, se replie sur lui-même, seul avec les mots, et jette, ce faisant, les fondations d'un nouveau monde.Discours de réception du prix Nobel de littérature, 7 décembre 2006
Pour moi le secret du métier d'écrivain réside non pas dans une inspiration d'origine inconnue mais dans l'obstination et la patience.Discours de réception du prix Nobel de littérature, 7 décembre 2006
Il y a deux époques dans la vie d'un écrivain : la première, où il parle de lui, et la seconde, où il parle de lui-même.
L'éloquent écrivain n'est jamais babillard : qui sait beaucoup dit peu, mais choisit avec art.Discours en vers sur les poèmes descriptifs (1805)
Les écrivains démultiplient les possibilités de la langue, l'amènent à sa limite, cherchant toujours une expression plus immédiate, plus proche du fait en soi qu'ils sentent et veulent manifester, c'est-à-dire une expression non esthétique, non littéraire, non idiomatique. L'écrivain est l'ennemi potentiel - et aujourd'hui bien réel - de la langue. Le grammairien le sait et c’est pour cela qu'il est toujours vigilant, dénonçant les abus et les transgressions, effrayé par cette lente dislocation d'un mécanisme que lui conçoit, ordonne et fixe comme une parfaite, une infaillible machine d'énonciation.« Théorie du tunnel. Notes pour une situation du surréalisme et de l’existentialisme » (1947)
Cet homme qui, à un moment donné, choisit un sujet et en fait un conte sera un grand auteur si son choix contient – parfois sans qu'il ne le sache consciemment – cette fabuleuse ouverture de l'infime à l'immense, de la limite individuelle à l'essence même de la condition humaine. Tout conte amené à perdurer est comme la graine où dort l'arbre gigantesque. L'arbre grandira en nous, donnera de l'ombre dans notre mémoire.« Quelques aspects du conte », dans Nouvelles, histoires et autres contes, éd. Gallimard
Tout ce que j'ai écrit, aussi bien dans ma jeunesse qu'avant-hier, a été écrit d'un point de vue qui ne tient absolument pas compte d'un éventuel lecteur. C'est une sorte de règlement de comptes entre quelque chose qui rôde autour de moi, qui exige de moi une expression littéraire, et moi-même. Autrement dit : l'écrivain est véritablement seul dans le ring.Entretiens avec Omar Prego, éd. Gallimard