• Je me couche, je dors. Je rêve. Mes personnages grandissent en moi, sans mon concours. Bientôt, ils ne m'appartiennent plus, ils ont leur vie propre. Le lendemain et les jours suivants, je n'ai plus qu'à me faire leur historien.
  • L'homme est un tout, avec un corps, au milieu d'un univers dont la couleur change, dont le poids, les odeurs changent. Selon l'état de cet univers, l'homme évolue, ses réactions diffèrent, et c'est cela que j'essaie de rendre.
    Entretien avec A. Parinaud (1955)
  • Si je connaissais la fin du roman, je ne l'écrirais pas.
    Entretien (1955)
  • Comment croire ceux qui disent écrire pour eux, les mots ont toujours une destination, ils aspirent à un autre regard. Écrire pour soi, serait comme faire sa valise pour ne pas partir.
    Le mystère Henri Pick, éd. Gallimard
  • Se perdre dans l'écriture, se perdre dans la passion sont sûrement deux choses qui définissent ma vie.
  • C'est l'absence de sens de ce que l'on vit au moment où on le vit qui multiplie les possibilités d'écrire.
    Mémoire de fille, éd. Gallimard
  • On vit souvent sans trouver les mots pour comprendre ce qui arrive. L'écriture permet une résurrection, non pas dans l'ordre de la vie, mais dans celui de la vérité.
  • Écrire c'est une activité du présent d'abord, qui essaie de sauver le passé, mais pas seulement, qui est aussi tournée vers l'avenir. Écrire, c'est en somme donner de l'avenir au passé.
    Zadig, décembre 2019
  • Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues.
    Le Jeune Homme, éd. Gallimard
  • Quand j'écris, je ne me demande pas si c'est bien, je me demande si c'est juste.
    La Grande Librairie, France 5, 4 mai 2022
  • L'écriture relève du politique même si on ne veut pas en faire.
    La Grande Librairie, France 5, 4 mai 2022
  • [...] j'ai conçu mon engagement dans l'écriture, lequel ne consiste pas à écrire « pour » une catégorie de lecteurs, mais « depuis » mon expérience de femme et d'immigrée de l'intérieur, depuis ma mémoire désormais de plus en plus longue des années traversées, depuis le présent, sans cesse pourvoyeur d'images et de paroles des autres. Cet engagement comme mise en gage de moi-même dans l'écriture est soutenu par la croyance, devenue certitude, qu'un livre peut contribuer à changer la vie personnelle, à briser la solitude des choses subies et enfouies, à se penser différemment.
    Discours pour le prix Nobel de littérature, 7 décembre 2022
  • Commencer un livre, c'est sentir le monde autour de moi, et moi comme dissoute, acceptant de me dissoudre, pour comprendre et rendre la complexité du monde.
    Journal
  • Comment ne pas s'interroger sur la vie sans le faire aussi sur l'écriture ? Sans se demander si celle-ci conforte ou dérange les représentations admises, intériorisées sur les êtres et les choses ?
    Discours pour le prix Nobel de littérature, 7 décembre 2022
  • [...] j'ai adopté, à partir de mon quatrième livre, une écriture neutre, objective, « plate » en ce sens qu'elle ne comportait ni métaphores ni signes d'émotion. La violence n'était plus exhibée, elle venait des faits eux-mêmes et non de l'écriture. Trouver les mots qui contiennent à la fois la réalité et la sensation procurée par la réalité allait devenir, jusqu'à aujourd’hui, mon souci constant en écrivant, quel que soit l'objet.
    Discours pour le prix Nobel de littérature, 7 décembre 2022

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