Delphine de Vigan, née le 1er mars 1966, est une romancière, scénariste et réalisatrice française. Elle obtient le Prix du Roman Fnac, en 2011, pour Rien ne s’oppose à la nuit puis le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens en 2015 pour D’après une histoire vraie. Crédit photo : Ji-Elle
  • Je rêve d'un homme qui n'aurait pas peur de mes larmes derrière mon sourire. Ni de mon rire dans mes larmes.
  • Les loyautés. Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres — aux morts comme aux vivants —, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l'écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous même, des mots d'ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires.
    Les Loyautés, éd. J.C.Lattès
  • Moi j'aime bien ça, quand le temps glisse entre les mains, sans ennui, sans que rien de particulier se passe, juste la douceur d'être là.
  • Et si c'était ça le bonheur, pas même un rêve, pas même une promesse, juste l'instant...
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès
  • De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards.
  • Les histoires, il y a celles dont on se souvient, celles dont on rêve, et puis celles des autres : autant de miroirs sans fond recouverts par le verbe.
    Un soir de décembre, éd. Jean-Claude Lattès
  • On ne m'ôtera pas l'idée qu'il faut avoir un petit coin de sa tête accroché dans les étoiles.
    D'après une histoire vraie, éd. JC Lattès
  • Dans le vide creusé par le temps, l'écriture prend sa place, ravive les sens, réveille les doutes et le désir.
    Un soir de décembre, éd. Jean-Claude Lattès
  • J'écris à même la source, là où le temps est aboli, là où il s'est arrêté. À brûle-pourpoint.
    Un soir de décembre, éd. Jean-Claude Lattès
  • La nuit quand on ne dort pas, les soucis se multiplient, ils enflent, s'amplifient, à mesure que l'heure avance les lendemains s'obscurcissent, le pire rejoint l'évidence, plus rien ne paraît possible, surmontable, plus rien ne paraît tranquille. L'insomnie est la face sombre de l'imagination. Je connais ces heures noires et secrètes. Au matin, on se réveille engourdi, les scénarios catastrophes sont devenus extravagants, la journée effacera leur souvenir, on se lève, on se lave et on se dit qu'on va y arriver. Mais parfois la nuit annonce la couleur, parfois la nuit révèle la seule vérité, le temps passe et les choses ne seront plus jamais ce qu'elles ont été.
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès
  • On abrite tous une perte ou un manque, quelque chose en creux, qu'on a fini par apprivoiser.
  • Le problème avec les hypothèses, c'est qu'elles se multiplient à la vitesse du son, si on se laisse aller.
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès
  • Avant je croyais que les choses avaient une raison d'être, un sens caché. Avant je croyais que ce sens présidait à l'organisation du monde. Mais c'est une illusion de penser qu'il y a des raisons bonnes ou mauvaises, et en cela même la grammaire est un mensonge pour nous faire croire que les propositions s'articulent entre elles dans une logique que l'étude révèle, un mensonge perpétué depuis des siècles, car je sais maintenant que la vie n'est qu'une succession de repos et de déséquilibres dont l'ordre n'obéit à aucune nécessité.
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès
  • Dans les livres il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec des titres chargés de promesses, La rencontre, L'espoir, La chute, comme des tableaux. Mais dans la vie il n'y a rien, pas de titre, pas de pancarte, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusion imminente. Dans la vie on est tout seul avec son costume, et tant pis s'il est tout déchiré.
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès
  • Souvent je regrette qu'on ne puisse pas effacer les mots dans l'air, comme sur un papier, qu'il n'existe pas de stylo spécial qu'on agiterait au-dessus de soi pour retrancher les paroles maladroites avant qu'elles puissent être entendues.
    No et moi, éd. Jean-Claude Lattès