Le Prix Renaudot

Apparu au cours du XXè siècle, le Prix Renaudot a su faire une place parmi les grandes récompenses littéraires, notamment auprès du Prix Goncourt. Il récompense des auteurs méritants, parfois des écrivains prometteurs, qui en fait un Prix d’exception. Une histoire incroyable, qui a commencé par une simple plaisanterie…

Histoire autour du Prix Renaudot

Tout commença en 1926, alors que le critique littéraire Georges Charensol s’impatientait avec ses collègues journalistes des résultats du Prix Goncourt, les jurés ne tombant pas d’accord sur le lauréat. Il leur proposa alors de déjeuner avec eux, les délibérations se faisant aux alentours de midi, et plaisantèrent sur ces fameuses délibérations tant attendues.


De fil en aiguille, la propre conception de M. Charensol sur son Prix littéraire prit forme, et il rechercha des talents littéraires pour créer le Prix Renaudot, en hommage à Théophraste Renaudot, qui fut l’un des fondateurs de la presse moderne au XVIIè siècle, admiré par Richelieu. C’est alors que le Prix Renaudot prend de l’ampleur et du prestige, devenant un Prix anti-Goncourt, les jurés étant composés essentiellement d’écrivains.
Depuis 1992, le Prix Renaudot des Lycéens est apparu, grâce à l’initiative de l’Association des amis de Théophraste Renaudot, le prix regroupant 13 lycées de quatre académies différentes. Vient ensuite le Prix Renaudot de l’Essai en 2003, enfin à partir de 2009, le Prix Renaudot du Livre de Poche ; un Prix spécial du jury est aussi décerné pour un auteur « coup de cœur ».

Le fonctionnement du Prix littéraire, de la sélection à l’annonce du lauréat

La première sélection du Prix Renaudot se fait lors de la rentrée littéraire, qui a lieu généralement début septembre et l’annonce du lauréat est programmé pour début novembre ; entre temps, deux autres sélections seront établies par le jury. Deux livres sont désignés chaque année afin d’éviter qu’un lauréat qui aurait gagné une récompense pour son ouvrage la même année puisse recevoir le Prix Renaudot ; de plus, la présidence change souvent.
Les membres du jury actuel restent des écrivains de renom, la plupart ayant reçu le Prix Renaudot, ou travaillant dans le domaine de la littérature :

  • Christian Giudicelli : écrivain et critique littéraire, a reçu le Prix Renaudot en 1986
  • Dominique Bona : écrivaine ayant reçu le Prix Renaudot en 1998, membre de l’Académie Française depuis 2013 au fauteuil 33
  • Franz-Olivier Giesbert : journaliste, ex-directeur de publication pour le Point et éditorialiste
  • Georges-Olivier Châteaureynaud : écrivain qui a obtenu le Prix Renaudot en 1982
  • Jean-Marie Gustave Le Clézio : romancier, il fut lauréat du Prix Renaudot en 1963
  • Jean-Noël Pancrazi : écrivain membre du jury depuis 1999
  • Louis Gardel : éditeur, scénariste et directeur de collection chez Seuil
  • Patrick Besson : écrivain et journaliste politique, qui reçut le Prix Renaudot en 1995
  • Jérôme Garcin : critique littéraire et écrivain, il produit et anime l’émission Le Masque et la Plume diffusée sur France Inter
  • Frédéric Beigdeber : acteur, critique littéraire et créateur du Prix de Flore, il obtient le Prix Renaudot en 2009

Aucune donation n’est offerte envers les lauréats, le livre primé est imprimé en 220 000 exemplaires et diffusé sur tout le territoire français.

Un Prix littéraire qui a fait parler de lui

Une polémique a eu lieu lors de l’annonce du gagnant du Prix Renaudot en 2007 : Christophe Donner, alors écrivain et sélectionné pour le Prix a accusé l’un des jurys, Franz-Olivier Giesbert, d’avoir manipulé les délibérations, en choisissant le livre de Daniel Pennac, Chagrin d’école, alors qu’il n’était même pas annoncé dans la sélection. L’auteur affirme que cette manœuvre devait nuire à la maison d’édition Grasset qui s’était opposée à sa nomination au Prix Goncourt de l’année précédente, ce qui créa une vive polémique.
Autre petite anecdote lors de la sélection des romans pour le Prix Renaudot de 2018 : non seulement c’est la première fois qu’un Prix aussi reconnu dans le monde littéraire inclut dans sa liste un livre auto-édité, intitulé Bande de Français de Marco Koskas, mais l’écrivain a choisi quelques références directes dans le choix du nom d’édition, alors nommé « Galligrassud ».

Les lauréats du Prix Renaudot depuis 1926

  • 2023 : Ann Scott pour Les Insolents, éd. Calmann-Lévy
  • 2022 : Simon Liberati pour Performance, éd. Grasset et Fasquelle
  • 2021 : Amélie Nothomb pour Premier sang, éd. Albin Michel
  • 2020 : Marie-Hélène Lafon pour Histoire du fils, éd. Buchet/Chastel
  • 2019 : Sylvain Tesson pour La panthère des neiges, éd. Gallimard
  • 2018 : Valérie Manteau pour Le Sillon, éd. Le Tripode
  • 2017 : Olivier Guez pour La Disparition de Josef Mengele, éd. Grasset
  • 2016 : Yasmina Reza pour Babylone, éd. Flammarion
  • 2015 : Delphine de Vigan pour D’après une histoire vraie, éd. Jean-Claude Lattès
  • 2014 : David Foenkinos pour Charlotte, éd. Gallimard
  • 2013 : Yann Moix pour Naissance, éd. Grasset
  • 2012 : Scholastique Mukasonga pour Notre-Dame du Nil, éd. Gallimard
  • 2011 : Emmanuel Carrère pour Limonov, éd. P.O.L.
  • 2010 : Virginie Despentes pour Apocalypse bébé, éd. Grasset
  • 2009 : Frédéric Beigbeder pour Un roman français, éd. Grasset
  • 2008 : Tierno Monénembo pour Le Roi de Kahel, éd. du Seuil
  • 2007 : Daniel Pennac pour Chagrin d’école, éd. Gallimard
  • 2006 : Alain Mabanckou pour Mémoires de porc-épic, éd. du Seuil
  • 2005 : Nina Bouraoui pour Mes mauvaises pensées, éd. Stock
  • 2004 : Irène Némirovsky pour Suite française, éd. Denoël
  • 2003 : Philippe Claudel pour Les Âmes grises, éd. Stock
  • 2002 : Gérard de Cortanze pour Assam, éd. Albin Michel
  • 2001 : Martine Le Coz pour <citeCéleste, éd. du Rocher
  • 2000 : Ahmadou Kourouma pour Allah n’est pas obligé, éd. du Seuil
  • 1999 : Daniel Picouly pour L’Enfant léopard, éd. Grasset
  • 1998 : Dominique Bona pour Le Manuscrit de Port-Ébène, éd. Grasset
  • 1997 : Pascal Bruckner pour Les Voleurs de beauté, éd. Grasset
  • 1996 : Boris Schreiber pour Un silence d’environ une demi-heure, éd. Le Cherche midi
  • 1995 : Patrick Besson pour Les Braban, éd. Albin Michel
  • 1994 : Guillaume Le Touze pour Comme ton père, éd. L’Olivier
  • 1993 : Nicolas Bréhal pour Les Corps célestes, éd. Gallimard
  • 1992 : François Weyergans pour La Démence du boxeur, éd. Grasset
  • 1991 : Dan Franck pour La Séparation, éd. du Seuil
  • 1990 : Jean Colombier pour Les Frères Romance, éd. Calmann-Lévy
  • 1989 : Philippe Doumenc pour Les Comptoirs du Sud, éd. du Seuil
  • 1988 : René Depestre pour Hadriana dans tous mes rêves, éd. Gallimard
  • 1987 : René-Jean Clot pour L’Enfant halluciné, éd. Grasset
  • 1986 : Christian Giudicelli pour Station balnéaire, éd. Gallimard
  • 1985 : Raphaële Billetdoux pour Mes nuits sont plus belles que vos jours, éd. Grasset
  • 1984 : Annie Ernaux pour La Place, éd. Gallimard
  • 1983 : Jean-Marie Rouart pour Avant-Guerre, éd. Grasset
  • 1982 : Georges-Olivier Châteaureynaud pour La Faculté des songes, éd. Grasset
  • 1981 : Michel del Castillo pour La Nuit du décret, éd. du Seuil
  • 1980 : Danièle Sallenave pour Les Portes de Gubbio, éd. Hachette
  • 1979 : Jean-Marc Roberts pour Affaires étrangères, éd. du Seuil
  • 1978 : Conrad Detrez pour L’Herbe à brûler, éd. Calmann-Lévy
  • 1977 : Alphonse Boudard pour Les Combattants du petit bonheur, éd. La Table ronde
  • 1976 : Michel Henry pour L’Amour les yeux fermés, éd. Gallimard
  • 1975 : Jean Joubert pour L’Homme de sable, éd. Grasset
  • 1974 : Georges Borgeaud pour Le Voyage à l’étranger, éd. Grasset
  • 1973 : Suzanne Prou pour La Terrasse des Bernardini, éd. Calmann-Lévy
  • 1972 : Christopher Frank pour La Nuit américaine, éd. du Seuil
  • 1971 : Pierre-Jean Rémy pour Le Sac du palais d’été, éd. Gallimard
  • 1970 : Jean Freustié pour Isabelle ou l’Arrière-saison, éd. La Table ronde
  • 1969 : Max-Olivier Lacamp pour Les Feux de la colère, éd. Grasset
  • 1968 : Yambo Ouologuem pour Le Devoir de violence, éd. du Seuil
  • 1967 : Salvat Etchart pour Le Monde tel qu’il est, éd. Mercure de France
  • 1966 : José Cabanis pour La Bataille de Toulouse, éd. Gallimard
  • 1965 : Georges Perec pour Les Choses, éd. Julliard
  • 1964 : Jean-Pierre Faye pour L’Écluse, éd. du Seuil
  • 1963 : J. M. G. Le Clézio pour Le Procès-verbal, éd. Gallimard
  • 1962 : Simonne Jacquemard pour Le Veilleur de nuit, éd. du Seuil
  • 1961 : Roger Bordier pour Les Blés, éd. Calmann-Lévy
  • 1960 : Alfred Kern pour Le Bonheur fragile, éd. Gallimard
  • 1959 : Albert Palle pour L’Expérience, éd. Julliard
  • 1958 : Édouard Glissant pour La Lézarde, éd. du Seuil
  • 1957 : Michel Butor pour La Modification, éd. de Minuit
  • 1956 : André Perrin pour Le Père, éd. Julliard
  • 1955 : Georges Govy pour Le Moissonneur d’épines, éd. La Table ronde
  • 1954 : Jean Reverzy pour Le Passage, éd. Julliard
  • 1953 : Célia Bertin pour La Dernière Innocence, éd. Corrêa
  • 1952 : Jacques Perry pour L’Amour de rien, éd. Julliard
  • 1951 : Robert Margerit pour Le Dieu nu, éd. Gallimard
  • 1950 : Pierre Molaine pour Les Orgues de l’enfer, éd. Corrêa
  • 1949 : Louis Guilloux pour Le Jeu de patience, éd. Gallimard
  • 1948 : Pierre Fisson pour Voyage aux horizons, éd. Julliard
  • 1947 : Jean Cayrol pour Je vivrai l’amour des autres, éd. du Seuil/li>
  • 1946 : David Rousset pour L’Univers concentrationnaire, éd. Pavois
  • 1945 : Henri Bosco pour Le Mas Théotime, éd. Charlot
  • 1944 : Roger Peyrefitte pour Les Amitiés particulières, éd. Jean Vigneau
  • 1943 : André Soubiran pour J’étais médecin avec les chars, éd. Didier
  • 1942 : Robert Gaillard pour Les Liens de chaîne, éd. Colbert
  • 1941 : Paul Mousset pour Quand le temps travaillait pour nous, éd. Grasset
  • 1940 : Jules Roy pour La Vallée heureuse, éd. Charlot
  • 1939 : Jean Malaquais pour Les Javanais, éd. Denoël
  • 1938 : Pierre-Jean Launay pour Léonie la bienheureuse, éd. Denoël
  • 1937 : Jean Rogissart pour Mervale, éd. Denoël
  • 1936 : Louis Aragon pour Les Beaux Quartiers, éd. Denoël
  • 1935 : François de Roux pour Jours sans gloire, éd. Gallimard
  • 1934 : Louis Francis pour Blanc, éd. Gallimard
  • 1933 : Charles Braibant pour Le roi dort, éd. Denoël
  • 1932 : Louis-Ferdinand Céline pour Voyage au bout de la nuit, éd. Denoël
  • 1931 : Philippe Hériat pour L’Innocent, éd. Denoël
  • 1930 : Germaine Beaumont pour Piège, éd. Lemerre
  • 1929 : Marcel Aymé pour La Table-aux-crevés, éd. Gallimard
  • 1928 : André Obey pour Le Joueur de triangle, éd. Grasset
  • 1927 : Bernard Nabonne pour Maïtena, éd. Fayard
  • 1926 : Armand Lunel pour Nicolo-Peccavi ou l’Affaire Dreyfus à Carpentras, éd. Gallimard