Paul Veyne (13 juin 1930 - 29 septembre 2022) est un historien et universitaire français. Spécialiste de la Rome antique, professeur au Collège de France de 1975 à 1999, il a profondément marqué l'historiographie contemporaine. Formé à l'École normale supérieure, Paul Veyne a développé une approche novatrice de l'histoire, mêlant anthropologie et philosophie. Son ouvrage "Comment on écrit l'histoire" (1971) a remis en question les méthodes traditionnelles de la discipline. Ami de Michel Foucault, Paul Veyne a contribué à diffuser sa pensée. Son style d'écriture élégant et accessible lui a valu une reconnaissance au-delà du milieu académique.
  • Les historiens racontent des événements vrais qui ont l'homme pour acteur ; l'histoire est un roman vrai.
    Comment on écrit l'histoire, éd. Seuil
  • Sociologiquement parlant, une religion est une vérité imposée par des convaincus à des indifférents ; elle n'est pas un besoin de la nature humaine en général.
    Le quotidien et l'intéressant (entretiens avec C. Darbo-Peschanski), éd. Les Belles Lettres
  • Les idées générales ne sont ni vraies, ni fausses, ni justes, ni injustes, mais creuses.
    Le quotidien et l'intéressant (entretiens avec C. Darbo-Peschanski), éd. Les Belles Lettres
  • Ce n'est pas le monothéisme qui peut rendre redoutable une religion, mais l'impérialisme de sa vérité.
    Quand notre monde est devenu chrétien, éd. Albin Michel
  • Notre Europe actuelle est démocrate, laïque, partisane de la liberté religieuse, des droits de l'homme, de la liberté de penser, de la liberté sexuelle, du féminisme, du socialisme ou de la réduction des inégalités. Toutes choses qui sont étrangères et parfois opposées au catholicisme d'hier et d'aujourd’hui. La morale chrétienne, elle, prêchait l'ascétisme, qui nous est sorti de l'esprit, l'amour du prochain (vaste programme, resté vague) et nous enseignait de ne pas tuer ni voler, mais tout le monde le savait déjà. Tranchons le mot : l'apport du christianisme à l'Europe actuelle, qui compte toujours une forte proportion de chrétiens, se réduit presque à la présence de ceux-ci parmi nous. S'il fallait absolument nous trouver des pères spirituels, notre modernité pourrait nommer Kant et Spinoza…
    Quand notre monde est devenu chrétien, éd. Albin Michel
  • […] une religion, n'étant pas une essence transhistorique, ne peut être une matrice, une racine, et devient en partie ce que son temps la fait être.
    Quand notre monde est devenu chrétien, éd. Albin Michel
  • Se réclamer d'un Livre saint (ou du sens qu'une époque lui prête) n'est qu’un facteur historique parmi d'autres. Aucune société, aucune culture, avec son fourmillement et ses contradictions, n'est fondée sur une doctrine. De l'entrecroisement confus de facteurs de tout espèce qui composent une civilisation, la partie qui semble émerger est la religion, ou encore les grands principes affichés, parce que c’est la partie audible, lisible, langagière d'une civilisation, la partie qui saute aux yeux et aux oreilles et d'après laquelle on est porté à la caractériser et à la dénommer. On parle donc de civilisation chrétienne de l'Occident, on attribue son humanitarisme au christianisme. […] la religion n'est qu'un facteur parmi bien d'autres […] vouloir privilégier tel ou tel facteur, est un choix partisan et confessionnel. De plus, en notre siècle, les Églises ont une influence plus réduite dans les sociétés sécularisées. Le christianisme y est enraciné, il n'en est pas pour autant la racine ; encore moins le représentant de ces sociétés devenues différentes de lui, sauf lorsqu'il s’en inspire. L'Europe n'a pas de racines, chrétiennes ou autres, elle s'est faite par étapes imprévisibles, aucune de ses composantes n'étant plus originales qu'une autre. Elle n'est pas préformée dans le christianisme, elle n'est pas le développement d'un germe, mais le résultat d’une épigénèse. Le christianisme également du reste.
    Quand notre monde est devenu chrétien, éd. Albin Michel