Erri De Luca, nom de plume d'Enrico De Luca, né le 2 mai 1950, est un écrivain, poète et traducteur italien, prix Femina étranger en 2002 pour son livre Montedidio.
  • Ce que je cherche quand j'ouvre un livre c'est le passage qui a été écrit pour moi. Cet écart brusque d'intelligence et de sensibilité qui m'explique quelque chose sur moi. Ce que je savais être mais que je ne savais pas dire.
  • L'enfance aurait bien pu durer éternellement, je ne m'en serais jamais lassé.
    Une fois, un jour, éd. Verdier
  • Les baisers ne sont pas une avance sur d'autres tendresses, ils en sont le point le plus élevé.
  • Pour moi écrire n'est pas un travail, c'est une façon d'être en compagnie et de rassembler des absents.
  • Il existe des livres qui font ressentir un amour plus intense que celui qu'on a connu, un courage plus grand que celui dont on a fait preuve. C'est l'effet que doit produire l'art.
  • Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie.
    Montedidio, éd. Gallimard
  • Le père éternel voit tout, mais si ce n'est pas moi qui pense à arranger les choses, il reste à regarder le spectacle.
    Montedidio, éd. Gallimard
  • Je ne pouvais m'en apercevoir tout seul que j'existais ? Il semble que non. Il semble que ce doit être quelqu'un d'autre qui le signale.
    Montedidio, éd. Gallimard
  • La bougie éclaire l'obscurité, elle ne la chasse pas.
    Montedidio, éd. Gallimard
  • Nous apprenons les alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie.
    Trois chevaux, éd. Gallimard
  • Je crois que tout l'art de la littérature est de raconter une histoire qui n'est pas nouvelle, aucune histoire ne l'est plus, avec la virginité d'un aveugle qui la découvre pour la première fois, revenant à la lumière dans un vertige d'émotion. Alors une vie, qui est une histoire parmi tant d'autres, semble tout d'un coup neuve, unique.
    Alzaia, éd. Rivages
  • Il y a des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer et qui se résignent à aimer une autre personne pour raccommoder l'absence. Elles sont sages.
    Trois chevaux, éd. Gallimard
  • L'écrivain doit être plus petit que la matière dont il parle.
    Le jour avant le bonheur, éd. Gallimard
  • Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère.
    Trois chevaux, éd. Gallimard
  • Quand il m'arrive de sentir que mon temps est peu de chose, je pense à celui qui s'écoule simultanément dans bien des endroits du monde et qui passe près du mien : ce sont des arbres qui chassent des pollens, des femmes qui attendent une rupture des eaux, un garçon qui étudie un vers de Dante, mille cloches de récréation qui sonnent dans toutes les écoles du monde, du vin qui fermente au soutirage, toutes choses qui arrivent au même moment et qui, alliant leur temps au mien, lui donnent de l'ampleur.
    Trois chevaux, éd. Gallimard