Günther Anders (12 juillet 1902 - 17 décembre 1992) est un philosophe, journaliste et essayiste allemand puis autrichien. Il a été l'un des premiers acteurs du mouvement anti-nucléaire et ses travaux portent essentiellement sur la destruction possible de l'humanité.
  • Celui qui ne hait pas l'infamie ne fait pas seulement preuve de lâcheté, mais s'attire aussi le soupçon d'être de mèche avec elle.
  • L'effacement, l'abaissement de l'homme en tant qu'homme réussissent d'autant mieux qu'ils continuent à garantir en apparence la liberté et les droits de l'individu. Puisque l'effacement de la personnalité et l'abaissement de l'intelligence sont déjà accomplis.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • L'homme de masse est traité comme un veau, et il est surveillé comme doit l'être le troupeau. Tout ce qui permet d'endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l'éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système soit d'abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • L'idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l'éducation, pour la ramener à une firme d'insertion professionnelle. Un individu inculte n'a qu'un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l'accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l'information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • On ne mesure pas la puissance d'une idéologie aux seules réponses qu'elle est capable de donner, mais aussi aux questions qu'elle parvient à étouffer.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • On diffusera, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l'émotionnel, l'instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile. Avec un bavardage et une musique incessante, pour empêcher l'esprit de s'interroger, penser, réfléchir.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s'y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d'Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l'idée même de révolte ne viendra même plus à l'esprit des hommes.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n'y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l'existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d'entretenir une constante apologie de la légèreté; de sorte que l'euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
    L'Obsolescence de l'homme (1956)
  • Si les philosophes, habitués à travailler à l'œil nu, rejettent l'exagération comme non sérieuse – et la plupart le font évidemment – ils ne valent nullement mieux, c'est-à-dire : ils ne sont pas moins obsolètes et ridicules que ne le seraient des virologues qui rejetteraient les microscopes, qui défendraient donc une « virologie à l'œil nu ».
    Philosophische Stenogramme (1965)