Hermann Hesse ( - ) est un romancier, poète, peintre et essayiste suisse, prix Nobel de littérature en 1946.
  • Dans ce jardin de la vieillesse s'épanouissent les fleurs que nous aurions à peine songé cultiver autrefois. Ici fleurit la patience, une plante noble. Nous devenons paisibles, tolérants, et plus notre désir d'intervenir, d'agir diminue, plus nous voyons croître notre capacité à observer, à écouter la nature aussi bien que les hommes. Nous laissons leur existence se développer devant nous sans éprouver aucune volonté critique, avec un étonnement toujours renouvelé face à leur diversité. Parfois nous ressentons de l'intérêt et un regret silencieux, parfois nous rions avec un enthousiasme limpide, avec humour.
    Éloge de la vieillesse
  • Si l'on est assez vieux, alors on a l'impression que l'existence entière, avec ses joies et ses souffrances, ses amours et ses découvertes, ses amitiés, ses liaisons, les livres, la musique, les voyages et le travail ne constituent rien d'autre qu'un long détour menant à l'éclosion de ces instants où Dieu se révèle, où le sens et la valeur de tout ce qui existe et se produit s'offrent à nous à travers la forme d'un paysage, d'un arbre, d'un visage, d'une fleur.
    Éloge de la vieillesse
  • [...] pour accomplir sa destinée d'homme âgé et remplir convenablement sa mission, il faut accepter la vieillesse et tout ce qu'elle implique, il faut acquiescer à tout cela. Sans ce consentement, sans cette soumission à toutes les exigences de la nature, notre vie perd son sens et sa valeur et, que nous soyons jeunes ou vieux, nous commettons une trahison.
    Éloge de la vieillesse
  • C'est seulement en vieillissant que l'on s'aperçoit que la beauté est rare, que l'on comprend le miracle que constitue l'épanouissement d'une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des œuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières.
    Éloge de la vieillesse
  • La dernière période d'une vie est caractérisée par un climat particulier, un manque étrange de consistance qui entraîne la perte du contact avec le réel, de la proximité avec lui. La réalité, qui constitue déjà une dimension quelque peu incertaine de l'existence, se fait encore plus ténue et transparente. Elle ne nous impose plus ses exigences avec la violence et la brusquerie d'autrefois, elle nous laisse dialoguer, traiter avec elle.
    Éloge de la vieillesse
  • Le monde nous gratifie de peu de chose à présent, il semble n'être que vacarme et angoisse ; cependant l'herbe et les arbres continuent de pousser. Et même si un jour la terre entière est recouverte de blocs de béton, la grand ballet des nuages se poursuivra dans le ciel ; ici et là des hommes continueront d'ouvrir grâce à leur art la porte d'accès au divin.
    Éloge de la vieillesse
  • Je connais bien le sentiment de tristesse qu'inspire la précarité de toute chose, je l'éprouve à chaque fois qu'une fleur se fane. Mais il s'agit là d'une tristesse sans désespoir.
    Éloge de la vieillesse
  • L'histoire universelle, c'est l'interminable récit, sans esprit ni ressort dramatique, de la violence faite au plus faible par le plus fort.
    Le Jeu des perles de verre (1943)
  • La tendresse est plus forte que la dureté. L'eau est plus forte que le rocher. L'amour est plus fort que la violence.
  • Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse. On peut la trouver, on peut en vivre, on peut s'en faire un sentier, on peut, grâce à elle, opérer des miracles, mais quant à la dire et à l'enseigner, non, cela ne se peut pas.
    Siddharta (1922)
  • La fleur donne un fruit, le fruit donne l'arbre et l'arbre donne la fleur. Rien ne commence et rien ne finit : tout se transforme, tout est donc impermanent.
  • Quand nous sommes vraiment nous-mêmes, beaucoup de gens s'éloignent, mais cela crée l'espace nécessaire pour que les bonnes personnes arrivent.
  • Toute l'histoire du monde ne me paraît souvent rien d'autre qu'un livre d'images reflétant le désir le plus violent et le plus aveugle des hommes : le désir d'oublier.
    Le Voyage en Orient (1932)
  • En vous, il y a un calme et un sanctuaire sur lesquels vous pouvez vous retirer à tout moment et être vous-même.
  • Je sens brûler en moi un désir sauvage d'éprouver des sentiments intenses, des sensations ; une rage contre cette existence en demi-teinte, plate, uniforme et stérile.