Albert Caraco (8 juillet 1919 - 7 septembre 1971) est un philosophe, poète et écrivain franco-uruguayen, d'expression française.
  • Nos poulets et nos porcs sont mieux nourris que la moitié des enfants de la Terre, imaginez que l'on remédiât à ce scandale et ce n'est là qu'un paradoxe parmi douze ou quinze.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des médiocres. La vie qu'a-t-elle de si désirable, lorsqu'elle n'est pas sublime ?
    Post Mortem, éd. L'Âge d'Homme
  • Je n'en veux pas aux médecins, ce sont de pauvres hommes à l'égal de leurs malades et qui se rendent insensibles par devoir, mais j'aurais souhaité parfois que leur profession ne fût ouverte qu'à des saints en espérance et que la vue de nos souffrances ne les endurcît au point d'en arriver à les accroître.
    Post Mortem, éd. L'Âge d'Homme
  • Nous devons oublier nos morts en tant que morts, mais il nous est permis de suivre leur modèle et de perpétuer leurs œuvres, le reste n'est que simagrées.
    Post Mortem, éd. L'Âge d'Homme
  • Autant je hais l'orgasme sexuel, autant je prise l'état fait de contemplation et de transport, de calme et de ravissement, de certitude et de vertige, où je me retrouve autre en devenant moi-même et ce durant parfois trois heures. Qu'est-ce auprès de cette félicité, que l'épilepsie d'une chair ébranlée durant trois minutes ?
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • J'ai beaucoup réfléchi sur le pourquoi de l'ennui que les gens répandent, c'est une affaire d'éducation et de loisir, mes contemporains semblent excédés et tracassés, de plus ils sont toujours pressés, l'air de besogne est consubstantiel à leur nature, et le moyen d'être charmant et prévenant dans ces conditions ? Chacun de nous est un petit Atlas et chacun porte l'univers sur ses épaules, chacun répond de l'évidence et chacun reste seul avec une montagne de problèmes insolubles, de là notre fatigue.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • L'instruction religieuse est un délire en un temps où les dieux sont morts et bien que la plupart des hommes, en Europe, n'osent se déclarer athées, il n'en subsiste pas un tiers, parmi ceux qui professent le Papisme, pour soutenir ses dogmes et pour s'avouer de la Conception Immaculée et de la Maternité Virginale, de la Virginité Perpétuelle et de la Royauté Céleste, pas même de la Trinité, voire de l'Incarnation ni de la Transsubstantiation, enfin deux tiers des Catholiques se partagent entre un théisme qui n'engage à rien, un dualisme qui ne détermine rien, un fatalisme qui ne vise à rien, un conformisme qui n'avance à rien, et j'oubliai l'astrolâtrie, de plus en plus envahissante.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Le but de l'éducation quel serait-il ? De rendre clairvoyants ceux qu'on défriche ou de les automatiser selon certaines lignes, de préférence à d'autres ? Hélas ! il n'est pas besoin de répondre et cela fait trembler pour l'avenir de notre espèce. Avec les moyens, qui sont dans le monde, la clairvoyance seule est en possession de nous sauver. L'on m'objectera que les hommes, rendus clairvoyants, seraient ingouvernables… et comment le savoir, puisque jamais ils ne le furent ?
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Il est bien triste que durant le cours de nos études, l'on nous accable de cent notions, que le plus imbécile attrape, la mémoire aidant, et qu'on ne nous enseigne pas l'art de parler ni l'art d’écrire ni principalement celui de raisonner.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Je me contemple sans dégoût et je m'estime infiniment, mais je ne m'aime guère, ce qui m'évite d'aimer mon prochain par voie de conséquence.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Il faut le crier sur les toits : notre avenir sera terrible et nous devons nous préparer à la guerre absolue, la guerre de tous contre tous, nous nous battrons demain pour respirer, pour manger et pour boire, nous sommes dans la parenthèse et nous en sortirons bientôt, redevenus les instruments de la nécessité, de cette nécessité que nous défiâmes et qui se vengera de nous en se servant de nous.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Les grandes révolutions et dont les pauvres furent le prétexte, n'ont pas changé le sort des misérables, lesquels achèvent par se retrouver dans les abîmes. où la gravitation les fixe, une minorité de monstres exceptés, seuls profiteurs du trouble.
    Ma confession, éd. L'Âge d'Homme
  • Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe où, n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense.
    Bréviaire du chaos, éd. L'Âge d'Homme
  • Les villes, que nous habitons, sont les écoles de la mort, parce qu'elles sont inhumaines. Chacune est devenue le carrefour de la rumeur et du relent, chacune devenant un chaos d'édifices, où nous nous entassons par millions, en perdant nos raisons de vivre.
    Bréviaire du chaos, éd. L'Âge d'Homme
  • Malheureux sans remède nous nous sentons bon gré mal gré engagés le long du labyrinthe de l'absurde et nous n'en sortirons que morts, car notre destinée est de multiplier toujours, à seule fin de périr innombrables.
    Bréviaire du chaos, éd. L'Âge d'Homme