• Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même. C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même esquisse n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.
    L'insoutenable légèreté de l'être, éd. Gallimard
  • [...] toute la valeur de l'être humain tient à cette faculté de se surpasser, d'être en dehors de soi, d'être en autrui et pour autrui.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • L'érotisme n'est pas seulement désir du corps, mais, dans une égale mesure, désir d'honneur. Un partenaire que nous avons eu, qui tient à nous et qui nous aime, devient notre miroir, il est la mesure de notre importance et de notre mérite.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • Si l'on était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d'avance absous de toute faute. [...] l'homme est tenu de savoir. L'homme est responsable de son ignorance. L'ignorance est une faute.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • Selon la manière dont on le présente, le passé de n'importe lequel d'entre nous peut aussi bien devenir la biographie d'un chef d'État bien-aimé que la biographie d'un criminel.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • [...] c'est toujours ce qui se passe dans la vie : on s'imagine jouer son rôle dans une certaine pièce, et l'on ne soupçonne pas qu'on vous a discrètement changé les décors, si bien que l'on doit, sans s'en douter, se produire dans un autre spectacle.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • Une foi trop ardente est le pire des alliés. [...] Dès que l'on prend une chose à la lettre, la foi pousse cette chose à l'absurde.
    Risibles amours, éd. Gallimard
  • Les femmes ne recherchent pas le bel homme. Les femmes recherchent l'homme qui a eu de belles femmes.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • [...] toute relation amoureuse repose sur des conventions non écrites que ceux qui s'aiment concluent inconsidérément dans les premières semaines de leur amour. Ils sont encore dans une sorte de rêve, mais en même temps, sans le savoir, ils rédigent, en juristes intraitables, les clauses détaillées de leur contrat. Oh ! amants, soyez prudents en ces premiers jours dangereux ! Si vous portez à l'autre son petit déjeuner au lit, vous devrez le lui porter à jamais si vous ne voulez pas être accusés de non-amour et de trahison.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • [...] la beauté est l'étincelle qui jaillit quand, soudainement, à travers la distance des années, deux âges différents se rencontrent. [...] la beauté est l'abolition de la chronologie et la révolte contre le temps.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • [...] le présent, ce point invisible, ce néant qui avance lentement vers la mort.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • [...] le roman est le fruit d'une illusion humaine. L'illusion de pouvoir comprendre autrui.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • Nous écrivons des livres parce que nos enfants se désintéressent de nous. Nous nous adressons au monde anonyme parce que notre femme se bouche les oreilles quand nous lui parlons.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • L'invention de la presse à imprimer a jadis permis aux hommes de se comprendre mutuellement. À l'ère de la graphomanie universelle, le fait d'écrire des livres prend un sens opposé : chacun s'entoure de ses propres mots comme d'un mur de miroirs qui ne laisse filtrer aucune voix du dehors.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard
  • [...] il y a des mots qui ne sont pas comme les autres, des mots qui possèdent une valeur particulière connue des seuls initiés.
    Le livre du rire et de l'oubli, éd. Gallimard