• La civilisation moderne est une civilisation du minéral. On exalte l'exhumation de matières minérales à tel point qu'aujourd'hui on en manque et cela nous inquiète. L'urbanisation à outrance, la concentration des êtres humains dans de la matière minérale - le confinement dans les villes et l'éloignement - ont suscité une réorganisation sociale, avec un discours qui finalement n'exalte plus la nature. La pensée de "l'homme hors sol" se rétrécit, se restreint à des phénomènes simplement physiques, biologiques dont il est grisé. Une distance très importante a été prise avec les fondements de la vie.
    Sagesse pour notre temps, entretiens avec F. Lenoir et L. Anvar, éd. Albin Michel
  • Aujourd'hui, même dans des pays riches il y a la misère, et la pire des misères, parce qu'elle aboutit à donner à l'être humain le sentiment qu'il n'a aucune importance. Peu importe l'être humain pourvu que le Produit national brut augmente. Mais on est en train de constater que plus on augmente ce dernier, plus on augmente l'indigence. Un chef d'entreprise va évacuer des gens, faire de l'anti-humain, pour pouvoir augmenter son bénéfice. Cela exacerbe évidemment un sentiment prédateur. C'est à cause des produits nationaux bruts qu'on détruit les forêts, qu'on épuise les ressources de la mer, qu'on relègue des humains, qu'on fabrique de la famine. Elle est littéralement fabriquée, ce sont des stratégies qui créent la faim dans le monde.
    Sagesse pour notre temps, entretiens avec F. Lenoir et L. Anvar, éd. Albin Michel
  • On invoque toujours ce mythe de la croissance économique comme étant la solution alors que c'est le gros problème. Le sobriété heureuse, ce n'est pas dire « Serrons-nous la ceinture », pas du tout. Il s'agit de revenir à la juste mesure des choses : avoir ce qui est nécessaire à la vie comme se nourrir, être vêtu, avoir un toit sur sa tête, se soigner quand on en a besoin. Pour le reste, il faut laisser la place à la jubilation, à la joie, libérer du temps pour autre chose.
    Sagesse pour notre temps, entretiens avec F. Lenoir et L. Anvar, éd. Albin Michel
  • On peut tout acheter, des yachts, des avions privés, toutes ces fariboles dont on se surcharge et dont on s'encombre pour finalement ne plus être. Avoir, avoir, avoir sans être, ce n'est pas vivre. La sobriété et la modération sont des principes très puissants, ils sont facteurs de satisfaction. Le monde actuel incite en permanence les gens à n'être jamais satisfaits. Toutes les simagrées de la publicité sont une honte. Je me sens humilié, je n'ai pas besoin de voir une femme nue pour acheter une voiture ! On manipule tout le monde de façon à être dans cette boulimie permanente qui ne pourra jamais créer une satisfaction.
    Sagesse pour notre temps, entretiens avec F. Lenoir et L. Anvar, éd. Albin Michel
  • On croit volontiers que l'Histoire a évolué dans le sens de la rationalité. C'est faux. Ce qui a fait bouger le monde ce sont les utopies. [...] La remise en cause des acquis et de la routine dogmatique vient toujours des entrailles de l'être. [...] Parmi toutes les diverses définitions de l'utopie, ma préférence va volontiers à celle-ci : « l'utopie est ce qui n'a pas été tenté ». Elle invite à se libérer de la routine, des habitudes convenues et pétrifiantes et ouvre la porte de l'aventure vers l'inattendu.
    La Convergence des Consciences, éd. Le Passeur
  • Les attaques portées contre telle ou telle communauté humaine, telle ou telle orientation sexuelle, sont des violences inutiles. Tous les hommes doivent être libres de leurs initiatives sans avoir à supporter le regard ou la réprobation d'autrui. À cet égard, je pense qu'il ne faut pas porter de jugement moral ni édicter de censure. Je crois au contraire qu'il y a des espaces de vie où le respect seul doit l'emporter. Il en va de la liberté et de la responsabilité de chacun et, pour moi, le bonheur prime.
    La Convergence des Consciences, éd. Le Passeur
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