Rainer Maria Rilke ( - ) est l'un des plus grands poètes de langue allemande. Né à Prague, alors partie de l'Empire austro-hongrois, il grandit dans un environnement multiculturel qui influencera son œuvre. Après des études à Prague, Munich et Berlin, il se consacre à la littérature. Voyageur infatigable, il séjourne en Russie, où il rencontre Tolstoï, ainsi qu'en France, où il devient secrétaire de Rodin. Ces expériences marquent profondément son écriture. Rilke est célèbre pour ses Lettres à un jeune poète (1903-1908) ainsi que ses recueils Les Élégies de Duino (1922) et Les Sonnets à Orphée (1922), où il explore des thèmes universels tels que la mort, l'amour et la spiritualité avec une rare intensité poétique.
  • Car celui qui crée doit être pour lui-même un univers.
  • Il n'y a rien de plus ardu que de s'aimer. C'est un vrai travail, à reprendre sans cesse…
  • Je vous prie d'être patient à l'égard de tout ce qui dans votre coeur est encore irrésolu, et de tenter d'aimer les questions elles-mêmes comme des pièces closes et comme des livres écrits dans une langue fort étrangère. Ne cherchez pas pour l'instant des réponses, qui ne sauraient vous être données ; car vous ne seriez pas en mesure de les vivre. Or, il s'agit précisément de tout vivre. Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez vous à vivre peu à peu, sans vous en rendre compte, un jour lointain, l'entrée dans la réponse.
    Lettres à un jeune poète, éd. Grasset
  • L'idée d'écrire un roman part d'une scène, généralement. Jusqu'ici, ça s'est passé comme ça. Il y a une scène que j'ai dans la tête, ou que j'ai notée, mais toujours très longtemps avant, plusieurs années avant de commencer le livre, quelquefois. Elle sert un peu de matrice au roman. Elle n'a rien à voir avec ce qu'il deviendra, elle est très arbitraire mais c'est un point de départ. Au bout du compte elle ne se retrouvera pas dans le livre, ou elle sera méconnaissable : ce ne sera ni le même lieu ni la même époque ni les mêmes personnages. Il s'y passera tout à fait autre chose. Mais c'est cette scène qui sert de déclencheur, de démarreur. Il y a ça, et puis toute une série de choses qui s'accumulent, des idées de personnages, des descriptions, des bouts de dialogues. Quand j'ai l'impression d'avoir suffisamment de repères, et que tout ça commence à s'organiser, le livre peut commencer. Elle finit par s'imposer plus ou moins. C'est un peu comme une pièce de puzzle, encore une fois.
  • Nous devons accepter notre existence aussi largement qu'il se peut ; tout, même l'inouï, doit y être possible.
    Lettres à un jeune poète - éd. Grasset
  • Celui qui s'efforce de vous réconforter, ne croyez pas, sous ses mots simples et calmes qui parfois vous apaisent, qu'il vit lui-même sans difficulté. Sa vie n'est pas exempte de tristesses. S'il en eût été autrement, il n'aurait pas pu trouver ces mots-là.
    Lettres à un jeune poète - éd. Grasset
  • Ce que j'ai découvert, c'est que la vie est encadrée par l'invisible, que les anges vivent dans cet invisible.
  • Tu es mon jour de fête. Et quand je te visite en rêve, j'ai toujours des fleurs dans mes cheveux.
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 8 juin 1897 - Ed. Mille et une nuits
  • Merci de ces heures d'hier qui resteront plantées dans mon souvenir pour y refleurir souvent.
    Lettres à une amie vénitienne
  • Je veux voir le monde à travers toi ; car ainsi je ne verrai pas le monde mais rien que toi, toi, toi !
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 8 juin 1897 - Ed. Mille et une nuits
  • Soyez patient en face de tout ce qui n'est pas résolu dans votre coeur. Essayez d'aimer vos questions elles-mêmes.
    Lettres à un jeune poète - éd. Grasset
  • Je suis à toi comme le bâton est au randonneur, mais je ne te soutiens pas. Je suis à toi comme le sceptre est à la reine - mais je ne t'enrichis pas. - Je suis à toi comme la dernière petite étoile est à la nuit, même si celle-ci ignore presque tout de son existence et de son scintillement.
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 8 juin 1897 - Ed. Mille et une nuits
  • Je pense à toi à chaque moment de la journée, et mes pensées inquiètes accompagnent tous tes pas. Le moindre souffle sur ton front est un baiser de mes lèvres, et chaque rêve te parle avec ma voix. Mon amour est comme un manteau qui t'enveloppe pour te protéger et te réchauffer ?
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 5 septembre 1897 - Ed. Mille et une nuits
  • Il n'est pas seulement précieux que deux êtres se reconnaissent, il est essentiel qu'ils se rencontrent au bon moment et célèbrent ensemble de profondes et silencieuses fêtes qui les soudent dans leurs désirs pour qu'ils soient unis face aux orages. Combien de gens se seront-ils manqués pour n'avoir pas eu le temps de s'habituer l'un à l'autre ? Avant que deux êtres aient le droit d'être malheureux ensemble, il leur faut avoir connu la félicité ensemble et avoir en commun un souvenir sacré qui maintienne un même sourire sur leurs lèvres et une même nostalgie dans leurs âmes. Ils ressemblent alors à des enfants unis dans la joie d'une fête de Noël ; quand ils trouvent quelques minutes de répit au cours des longues journées pâles, ils s'assoient l'un à côté de l'autre et, les joues en feu, se racontent la nuit baignée de lumières et d'une odeur de sapin... Ces êtres-là traversent tout les orages ensemble.
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 5 septembre 1897 - Ed. Mille et une nuits
  • [...] je souffre souvent de savoir si peu de choses ; ou seulement, peut-être, d'en savoir si peu sur les fleurs, sur les bêtes et sur les phénomènes simples d'où la vie s'élève comme une chanson populaire. C'est pourquoi je me promets toujours de mieux regarder, de mieux observer, d'aborder les petites choses que j'ai souvent négligées avec plus de patience, plus de concentration, comme autant de spectacles.
    Lettres à Lou Andreas-Salomé, 10 août 1903 - Ed. Mille et une nuits
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